Nolwenn Euzen propose une note de lecture sur son site à propos de "Bois de peu de poids" de Romain Fustier, paru aux éditions Lanskine.
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Bois de peu de poids est un texte ouvert aux sensations du paysage. Entre délicatesse et formes vives, fluidité et rudesse, pénibilité et aisance, un rythme séquencé par des barres obliques rend compte d’une sensibilité tenue en souffle et tempo avant de brosser un vécu identifiable. Le poème se déploie dans un va et vient de pesanteur et de ressources dont le paysage, plutôt qu’une chose vue à distance, active le jeu de poids et de mesures. Les repères du lieu, du moment de la journée, du changement de saison – passage de l’été à l’automne ancrent l’expérience dans une séquence intime et familière différée. Ce qui est douloureux se fond dans une enveloppe de paysage qui accueille sans que la subjectivité ne fonde ce qui fait paysage en sentiments. La métaphore n’a pas lieu, l’entre deux en revanche est lieu de passages de couleurs subjectives autant que de changements de plans ou d’enchaînements de vers. L’enchaînement est important qui donne son allant, sa mobilité aux impressions captées comme si le paysage autorisait de se dire un peu plus large en même temps que d’en ressentir l’ouverture. Le mélange de parole ordinaire et de perception plus abstraite, de ponctuation discordante et conjonctive, de vécu usagé et renouvelé subtilement vit de tout ce que le paysage agite de vent, vues, et déplacements.
Extrait :
« l’espace quotidien / il déroule ses repères
tandis que tes pensées traînent là-bas /
gravissent le jardin gagné sur la dune
où le sable par endroits paraît ressortir
« l’espace quotidien / il déroule ses repères
tandis que tes pensées traînent là-bas /
gravissent le jardin gagné sur la dune
où le sable par endroits paraît ressortir
de terre / en vagues sur le talus
dont la végétation te revient / les yuccas
dont la végétation te revient / les yuccas
au feuillage lancé vers le ciel / palmiers »
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