ON A MIS PAPY DANS LE COFFRE DE LA VOITURE
LOUIS DUBOST
Le bruit des autres
(15, rue Jean-Baptiste Carpeaux – 87100 Limoges)
112 pages – 12 €
Je ne peux pas lire ce très beau conte épicurien sans, à chaque fois, rire de pleurer ainsi. Ce sont les questions et réflexions d’un petit-fils qui dessinent le portrait si vivant d’un papy au moment où celui-ci, accablé par « un crabe qui lui ronge les poumons », décide d’orchestrer son propre compostage. En effet le papy, qui sait faire pousser les livres dans son grenier-bureau-foutoir secret comme les légumes dans son jardin, croit en le recyclage et pense que la mort, « c’est rien » qu’une pièce du puzzle du vivant. Alors il décide, « un vendredi 13 », jour de son anniversaire, de partir faire un ultime tour de son jardin. Toute la famille est réunie. Et le délicat sujet de l’euthanasie tient tout entier dans l’évocation de la couleur bleue qui jette définitivement les dés : les fleurs de bourrache parsemant la salade servie, une tasse bleue pour la tisane de papy, le cercueil qui sera passé à la peinture bleu pâle avant d’être décoré par les petits-enfants et smacké au bâton de rouge à lèvres par tous les très proches. « J’ai vu Mamy apporter le café, cinq tasses blanches et une bleue sur un plateau. Après avoir tendu à Papy la tasse bleue, Papa s’est mis à pleurer. Et les autres aussi ». Il est ensuite question de funérailles, de « fun » et « raï », de musique et de vin partagés, de fleurs du jardin, de « merle moqueur » qui « se tape une fraise », d’une « sorte de fête ». A la mort et à la vie, à la santé d’un tout qui compose le vivant. « On a mis Papy dans le coffre de la voiture. Bien calé entre les valises et des fleurs en bouquets, d’autres en godets pour les replanter. Il aime bien l’odeur des roses, des violettes, du lilas, du muguet, Papy, et aussi les couleurs des jonquilles, du myosotis, des narcisses, de la giroflée, de la glycine... C’est comme le printemps dans la voiture, une hirondelle pourrait y maçonner son nid à côté de Papy ». Louis Dubost nous invite à faire un voyage poétique à travers les nombreuses accumulations rabelaisiennes qu’il propose à notre palais – inventaires des habitants du jardin. Les autres nouvelles installent aussi la mort à la table des vivants. L’avant-dernier texte, conte noir, s’intitule « Marché de Noël ». Il est donc de saison d’évoquer ce troc amoureux entre une jeune femme et un homme mûr, cet échange de libations qui permet d’ « aller voir de l’autre côté » du « miroir », là où le « visage n’a pas d’âge », pour « aller au vif du moment présent, sans désir autre que le désir ». « Le désir se pose en libellule » (Joël Bastard).
Amandine Marembert
LOUIS DUBOST
Le bruit des autres
(15, rue Jean-Baptiste Carpeaux – 87100 Limoges)
112 pages – 12 €
Je ne peux pas lire ce très beau conte épicurien sans, à chaque fois, rire de pleurer ainsi. Ce sont les questions et réflexions d’un petit-fils qui dessinent le portrait si vivant d’un papy au moment où celui-ci, accablé par « un crabe qui lui ronge les poumons », décide d’orchestrer son propre compostage. En effet le papy, qui sait faire pousser les livres dans son grenier-bureau-foutoir secret comme les légumes dans son jardin, croit en le recyclage et pense que la mort, « c’est rien » qu’une pièce du puzzle du vivant. Alors il décide, « un vendredi 13 », jour de son anniversaire, de partir faire un ultime tour de son jardin. Toute la famille est réunie. Et le délicat sujet de l’euthanasie tient tout entier dans l’évocation de la couleur bleue qui jette définitivement les dés : les fleurs de bourrache parsemant la salade servie, une tasse bleue pour la tisane de papy, le cercueil qui sera passé à la peinture bleu pâle avant d’être décoré par les petits-enfants et smacké au bâton de rouge à lèvres par tous les très proches. « J’ai vu Mamy apporter le café, cinq tasses blanches et une bleue sur un plateau. Après avoir tendu à Papy la tasse bleue, Papa s’est mis à pleurer. Et les autres aussi ». Il est ensuite question de funérailles, de « fun » et « raï », de musique et de vin partagés, de fleurs du jardin, de « merle moqueur » qui « se tape une fraise », d’une « sorte de fête ». A la mort et à la vie, à la santé d’un tout qui compose le vivant. « On a mis Papy dans le coffre de la voiture. Bien calé entre les valises et des fleurs en bouquets, d’autres en godets pour les replanter. Il aime bien l’odeur des roses, des violettes, du lilas, du muguet, Papy, et aussi les couleurs des jonquilles, du myosotis, des narcisses, de la giroflée, de la glycine... C’est comme le printemps dans la voiture, une hirondelle pourrait y maçonner son nid à côté de Papy ». Louis Dubost nous invite à faire un voyage poétique à travers les nombreuses accumulations rabelaisiennes qu’il propose à notre palais – inventaires des habitants du jardin. Les autres nouvelles installent aussi la mort à la table des vivants. L’avant-dernier texte, conte noir, s’intitule « Marché de Noël ». Il est donc de saison d’évoquer ce troc amoureux entre une jeune femme et un homme mûr, cet échange de libations qui permet d’ « aller voir de l’autre côté » du « miroir », là où le « visage n’a pas d’âge », pour « aller au vif du moment présent, sans désir autre que le désir ». « Le désir se pose en libellule » (Joël Bastard).
Amandine Marembert
MACHINE GUN
JEAN-CHRISTOPHE BELLEVEAUX
Potentille
(2 rue du Platane – 58160 La Fermeté)
26 pages – 7 €
Des poèmes étirés en longueur de tristesse qui cache une colère sourde. « J’aurais voulu un vacarme de bombardiers / un excès de réel / insupportable dangereux // qui efface tout : l’enfance, le lundi 4 juin 2007, le platane de la place, etc. ». Alors on s’arrange là avec « la suie des mots ». Elle recouvre le monde intérieur et extérieur d’une poussière noire qui laisse poudroyer la lumière et qu’on se garde d’essuyer, pellicule qui met à jour le négatif photo de l’existence. Chaque poème dilue la présence humaine en abolissant les frontières. « L’incessant va-et-vient / entre le près et le loin / le dedans et le dehors ». S’entremêlent habilement des souvenirs de voyages lointains et « le monde proche et carré / de la table de cuisine ».
Amandine Marembert
JUSQU’OÙ SERIONS-NOUS ALLÉS SI LA TERRE N’AVAIT PAS ÉTÉ RONDE
JEAN-LOUIS BERGÈRE
Gros textes
(Fontfourane – 05380 Châteauroux-les-Alpes)
74 pages – 6 €
« Chaque histoire tient tout entière dans sa géographie ». Il s’agit là de dire la trajectoire du corps et du cœur humains dans le voyage de la vie par le biais de courts rectangles de prose fondue enchaînée. Aller plus loin pour mettre à jour une vérité, avancer « en retirant par petits éclats successifs les grains de peau superflus pour qu’enfin apparaisse le visage ». La vitesse d’exécution a également toute son importance. « Nous trouverons la bonne allure quand nous ne chercherons plus le raccourci ». Cette écriture tient entre deux doigts, celui du proche et celui du lointain, de l’intérieur et de l’extérieur. Le poète invite le lecteur à se positionner par un brouillage des repères. « Et si je m’éloignais pour mieux me rapprocher // nous ne savons pas nous égarer ».
Amandine Marembert
IL Y A DES ABEILLES / DA SIND BIENEN
CHRISTIAN DEGOUTTE
Pré carré & Verlag im Wald
(52 quai Perrière – 38000 Grenoble)
50 pages – 6 €
Je salue l’initiative d’avoir réédité ce magnifique texte publié initialement par le Pré Carré , en 2003. Il y a des abeilles qui me bourdonnent dans le cœur. Celles qui ont construit un essaim de mots écrits pour éloigner la douleur de parler et pour continuer à faire exister la femme aimée et perdue. Il s’agit d’un long poème d’un amour qui dit son intensité dans le manque irrémédiable. La femme habite la terre, l’air, l’eau, le végétal pour se relier à ceux qu’elle a laissés vivants et qui doivent composer avec son ombre. « La mauvaise herbe le chiendent / et le liseron t’enlacent à mes mains // à travers la terre à gros galets / ils cousent mon souffle / à tes os ». L’homme s’en trouve changé : « et moi fallait-il que tu meures / pour que je devienne comme un autre ».
Amandine Marembert
SI MA TANTE
JACQUES DEMARCQ
Wigwam
(14 boulevard Oscar Leroux – 35200 Rennes)
16 pages – 4,60 €
« Ma tante a été ma mère et elle se meurt / à l’hôpital tout neuf de Compiègne son coeur / bat autant de vent que le creux d’un vieil arbre / le pied les bras et le tronc imbibés d’eau ». Les poèmes évoquent une situation qui se renverse : celui qu’une tante a soigné comme son fils la fait définitivement devenir sa mère le jour où son tour est venu de veiller sur elle. Les textes alternent en un va-et-vient incessant entre les souvenirs d’enfance compliquée dans la reconnaissance des ascendants et un aujourd’hui douloureux mais qui apparaît comme un moment de vérité – « c’est toi mon fils / finit-elle par dire / le mot que j’attendais ». « Une infirmière vient changer la perf je l’aide / à replacer ma tante sur les oreillers / sa peau si douce est comme un fil de soie fin ».
Amandine Marembert
EPHÉMÉRIDE
CHANTAL DUPUY-DUNIER
Flammarion
374 pages – 20 €
Un poème pour chaque jour. D’un printemps à l’autre. 366 fenêtres sur l’aujourd’hui d’un calendrier qu’on effeuillette, page à page, mais qui forme un tout superposant le présent de l’écriture et le passé de la mémoire. Puzzle à (re)composer à notre guise. « Tard dans la nuit, / les arbres et les oiseaux se taisent » (29 mai). « Des bourdons familiers / s’affairent à leur nid, / une anfractuosité / juste en dessous de la verrière. / Chacune de nos sorties est saluée / par cette escadrille / du début de l’aviation » (5 juillet). « Le froid est sur le toit / et la maison frissonne. / Toi, tu es sur moi. / Nous frissonnons / mais nous n’avons pas froid » (4 novembre). « Je brode ma vie / au point de mots, / au point de toi, / sur le petit canevas de mon temps inconnu » (28 novembre).
Amandine Marembert
LES POMMES CLOCHARDS
CHRISTIAN GARAUD
Polder
(Fontfourane – 05380 Châteauroux les Alpes)
57 pages – 6 €
« Je pense aux mots que j’écris. Pommes clochards à la sortie de l’hiver pour faire la soudure avec le présent ? ». J’aime beaucoup l’apparente simplicité qui construit ces quatre suites de poèmes. Tête d’oiseau, Le piano ne quitte pas la route, Tu es là ?, Les pommes clochards. Petits blocs de prose qui démontent les expressions figées du langage pour les oxygéner, qui éclairent le monde différemment. Le poète se tient en embuscade pour tenter de dévoiler ce qui se cache derrière les phrases les plus simples du quotidien. Et c’est là que les mots se laissent traverser par des questions qui laissent rêveur(se). « Est-ce la lumière que filtrent les feuilles du grand marronnier qui fait parfois briller les mots ? » Enigmes du passé et du présent, enfances entrecroisées.
Amandine Marembert
FEUILLÉE DE VERTS AVEC RETOUCHES
LUCE GUILBAUD
Tarabuste
(Rue du Fort – 36170 Saint-Benoît-du-Sault)
67 pages – 11 €
Un livre découpé en six saisons pour dire une « nostalgie de forêt » tapie « derrière les yeux » dans toutes ses déclinaisons de verts bruissant de vie et de souvenirs. L’écriture s’installe au sein de grands blocs de prose respirés de blancs-trouées dans les feuillages- et innervés d’incises en italique, voix intérieures : « et libellule ardente / figure multiple de notre danse / vol à perdre la tête / notre histoire en tous sens ». Se produisent alors des allers et retours entre la mer et la terre, entre la mère et la femme d’aujourd’hui, son identité à construire par la mémoire. « Femme de traverse défroissant / les draps les vieilles lettres / tu remplis les armoires de mots de passe /et de confitures d’oranges amères ».
Amandine Marembert
NONO
THIERRY LE PENNEC
La part commune
(16 quai Duguay-Trouin – 35000 Rennes)
60 pages – 10 €
Thierry Le Pennec écrit comme il parle. Ses vers parfois troués de blancs sont la parfaite réplique d’une parole exactement respirée. Renversante justesse de la réalité brute d’un frère qui s’en va à petit feu jusqu’à s’éteindre en une absence insupportable. Hymne à la vie qui continue pour faire encore exister le défunt. « Le fils / qui fait des demi-voltes / sur sa planche à roulettes le goudron crisse / et scintille nous sommes vivants ». « La peau tant douce / que c’est la mort qui crève en milliers de bulles ». Enfin c’est « la place vide » dans la fratrie qu’il faut installer malgré tout. Le « frangin », le « frérot », « sa présence / douce et triste en ma tête / accompagne les heures / que je passe en l’immense / verger à éclaircir / pommes et sentiments ».
Amandine Marembert
DES SAISONS PLUTÔT CLAIRES
PHILIPPE LONGCHAMP
L’idée bleue
(diffusion Eclats d’encre – 14 rue Gambetta – 78600 Le Mesnil le Roi)
123 pages – 15 €
Voilà une très belle occasion de (re)découvrir l’œuvre de ce poète puisqu’il s’agit d’une anthologie de textes anciens : Sabliers (1971), Dits du coq d’ardoise (1975), Feux à genoux suivi de Pierres posées pour un gué (1979), Lissant le temps (1986), Emploi du temps (1991). Le titre de ce livre est remarquable comme nombre de titres chez Philippe Longchamp. Elancé et vibrant. C’est le dernier titre publié dans la collection le dé bleu aux éditions L’idée bleue. Il met un beau point final-bilan à cette aventure éditoriale. Les poèmes, situés et datés, s’inscrivent au plus près de la vie qui passe, de la chronologie du temps. L’écriture, longue et fluide, se laisse traverser par un extérieur-intérieur. « Cette voix / du cœur qui bégaye tout bas / dans une langue rauque ».
Amandine Marembert
ET SI NOUS REVENIONS, SANS VIEILLIR ?
MARCEL MIGOZZI
Encres vives
(2 allée des Allobroges – 31770 Colomiers)
16 pages – 6,10 €
Dans ce recueil de poèmes en prose, nous retrouvons le motif si prégnant de la pommeraie comme étable. Lieu vécu et rêvé à la fois tant il apparaît « idéal ». Le poète marche dans ses souvenirs pour tenter de les raviver à leur juste couleur. « Si je fais encore quelques pas dans ces paysages d’Isère en guerre qui rougeoyaient fin 43, je tombe un soir dans une pommeraie écartée, paisible, dans une lumière levée tôt qui a travaillé toute la journée au soleil ». Ecrire pour ne pas oublier cette ferme-refuge où « il y avait un enfant pris entre des œufs et des tommes de fromages, des sourires et du beurre baratté au jaune odorant ». Un superbe travail sur les tours joués par la mémoire. « Me voilà seul avec étable-école-pommeraie, des mots qui tiennent encore un enfant vivant ».
Amandine Marembert
UNE PETITE FILLE D’ALEXANDRIE
JEANINE SALESSE
Tarabuste
(Rue du Fort – 36170 Saint-Benoît-du-Sault)
91 pages – 12 €
« Notre enfance n’en finit pas auprès des enfants », en dédicace. Tout part de l’observation de la statuette alexandrine en terre cuite d’une « petite fille assoupie », endormie dans ses genoux, pour retrouver sa propre enfance par ses ascendants et toucher celle de ses descendants. Il s’agit d’abord de « butiner l’argile », de retrouver le vivant des gestes figés dans la terre et le sommeil des années. « Les mots s’attardent / libellules / sur les nénuphars // Jusque sur nos lèvres / l’enfant d’argile / poursuit son rêve ». « Le passage » s’effectue alors. Une position identique et l’enfance se réveille. « Aux genoux / on peut dire des choses ». Puis se déroule « une pellicule sans fin ». « Et peut-être / ses traits d’adulte la surprennent-ils / dans son visage d’enfant ».
Amandine Marembert
JE NE M’ADRESSE PLUS LA PAROLE
YANN SÉNÉCAL
Clarisse
(170 allée de Sainte-Claire – 76880 Martigny)
84 pages – 10 €
Poèmes qui font le constat désabusé d’un monde d’où les notions de solidarité, de partage, de liberté s’absentent de plus en plus. Le doute permanent et une certaine résignation alternent avec des sursauts-questions qui secouent le lecteur. On pourrait aisément imaginer coller ces poèmes dans des lieux publics car ils sont de véritables prises de conscience de ce que nous risquons de devenir si l’on ne résiste pas. Ils sont également porteurs de l’espoir d’un changement. « Une main te caresse / à présent / Te dis que cela est possible / Jamais tu n’avais ressenti ça / auparavant / Non jamais / Tu sembles amoureux / Amoureuse / Les nuages se sont levés // A la lueur du jour / tes désirs prennent forme / Tu peux t’apercevoir à l’horizon ».
Amandine Marembert
POTAGER D’AMOUR
MAGALI THUILLIER / MORGANE ISILT HAULOT
La yaourtière
(22 rue Rigale – 44110 Châteaubriant)
20 pages – 15 €
Voilà un livre pour qui a été, est ou sera amoureux. Ce qui concerne un certain nombre de gens dans le monde. Des poèmes en cascades et saccades, souffle coupé par l’émotion, les sentiments. Chaque interruption est haleine reprise, suspension du mystère de vivre. Les textes dialoguent avec de très belles illustrations, aériennes et spiralées. De nombreuses pirouettes avec les mots traduisent le mikado des corps imbriqués. « Nous retrouvaillons nous parmi les mirabelles en grappes sur feuillage à terre en traînes ». « Nos corps battent feu dans l’instantanément présent ». « Des mots nous étincellent / la main dans la heureux d’être ». Le plein du désir rassemble le je et le tu en un nous . « Nous nous amourons pour un instant ou pour toujours ».
Amandine Marembert
ROBERT & JOSÉPHINE
CHRISTIANE VESCHAMBRE
Cheyne
(Lieu-dit Cheyne – 43400 Le Chambon-sur-Lignon)
107 pages – 17 €
Ce livre redonne vie à Robert et Joséphine qui se sont rencontrés au grand café de la gare, La Jeune France . « A l’étage du vaisseau / près de la gare / Joséphine a sa chambre / de bonne // à côté / Robert a la sienne / de garçon / de café // le soir / c’est facile / c’est la vie même / le vif / des eaux bondissantes / de se rendre visite ». Naissance d’un garçon, « le jour où l’ennemi entre dans la ville ». Cinq ans de séparation, emménagement et arrivée de la petite soeur. Cette poésie narrative évoque la vie ouvrière dans ses joies et ses tristesses. Le lecteur, invité à « tresser l’osier / d’un berceau / pour Joséphine / mise au monde / sans être née » comprend alors la naissance de celle qui parle : « par cette main chaude / sur Joséphine / la vie m’a traversée ».
Amandine Marembert