Trois chroniques de Sahkti sur le site "critiqueslibres.com" consacrées au n° 23.24 de la revue "Contre-allées", à Mon coeur coupé au sécateur d'Amandine Marembert et à Une ville allongée sous l'épiderme de Romain Fustier.
Poésie contemporaine
Contre-allées est une revue de poésie contemporaine, animée par Romain Fustier et Amandine Marembert. Revue éclectique et consistante, offrant un panorama intéressant de la production poétique actuelle dans ce qu'elle peut avoir de novateur, obéissant ainsi à la ligne conductrice de la revue, "Ni concept tournant à vide, ni lyrisme pathétique et routinier".
A l'occasion de ses dix ans d'existence, Contre-allées a publié un numéro double, 23.24, consacré à Henri Droguet, dont divers textes sont offerts à nos regards gourmands.
La revue propose également au lecteur des textes de Raymond Farina, Cécile Guivarch, Romain Verger, Jacques Allemand, François Coudray, Emmanuel Flory, Romain Fustier, Josiane Gelot, Marc Gratas, Alain Guillard, Daniel Labedan, Amandine Marembert, Michaël Martial, Sébastien Ménard, Gwénola Morizur, Etienne Paulin et Aurélien Perret. Autant de promenades poétiques qui font du bien et agrandissent notre champ de vision.
Le tout se termine par un tour d'horizon bibliographique des parutions poétiques nouvelles, ainsi que la présentation de quelques sites faisant la part belle à la poésie.
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Poésie du sensible
Cet ouvrage a reçu le Prix des Trouvères des lycéens 2009, une récompense à mes yeux largement méritée, tant le regard que pose Amandine Marembert sur le monde est constitué de sobriété mais aussi de richesse. Elle observe, décrit, interroge, ne juge pas, tente de comprendre en jouant avec les mots, alternant légèreté et gravité pour faire parler les éléments.
Un talent déjà apprécié dans "Du baume-stick pour la douceur" et "Toboggans des maisons" et qui trouve ici une confirmation, si besoin en était, de son pouvoir évocateur.
Ce recueil regorge d'inventité, de métaphores, de mots qui percutent et bousculent l'essentiel.
Parmi les éléments qui marquent ces fragments poétiques, on retiendra le sentiment de proximité et la sensation de vécu que font naître ces lignes. De quoi faire rapidement naître empathie entre auteur et lecteur, entre mots et réminiscences personnelles. Un auteur dont j'apprécie la qualité de langue et l'esprit d'ouverture vers d'autres ailleurs faits de petits riens si importants.
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Mots d'amour
Le Prix des Trouvères 2007 a couronné "une ville allongée sous l'épiderme" et on ne peut que se réjouir de cette dinstinction, tant Romain Fustier la mérite amplement.
La déclaration d'amour qui compose le récit est belle de sensualité, de tendresse et de proximité. Sa simplicité invite le lecteur à entrer dans la danse, à s'identifier aux mots de l'auteurs et aux émotions qu'il décline. Amour pour un être, un lieu, une impression... autant d'éléments qui ne peuvent que nous rapprocher de l'essence même du texte. En célébrant de la sorte le quotidien, Romain Fustier le transcende, lui offre des lettres d'or pour le faire entrer dans la catégorie de l'universellement intemporel.
Les fragments vivent par eux-mêmes mais forment sur la longueur un ensemble qu'il convient de démêler avec douceur, s'imprégnant de la justesse du ton employé. Les mots isolés perdraient de leur richesse, autant les insérer dans un tout qui se fait progressivement grandiose et c'est une des facettes du talent de Romain Fustier, donner de la magie aux petits riens.
L'ensemble est dédié à Amandine, Amandine Marembert, compagne de l'auteur. Une auteur que j'apprécie également beaucoup pour ses capacités à élever notre quotidien. Deux écritures indépendantes mais complémentaires, deux destins qui se marient avec finesse. et ce sont de merveilleux mots d'amour que Romain Fustier lui adresse. Femme et poète finissent par ne plus faire qu'un, entourant d'un voile de mystère la puissance d'un amour.
A la femme tant aimée s'ajoute un lieu, propice à l'inspiration et à l'épanouissement d'une relation qui ouvre les portes d'autres cieux, d'autres paradis dont on rêve en les touchant du doigt à travers l'expression d'un quotidien heureux. Le décor s'invite peu à peu, prend de plus en plus de place, la maison devient l'écrin qui abrite les sentiments à l'abri du dehors; dehors et dedans dansent en alternance.
Magnifiques fragments poétiques dont la richesse intérieure offre une sérénité bienvenue au lecteur, le poussant à s'installer dans un fauteuil en soupirant d'aise devant la justesse et la beauté des mots choisis pour dire ce qui est, ce qui aime et est aimé, ce qui guide nos pas jours après jours. Merci à l'auteur pour ce moment de bonheur.