Une chronique de Claude Vercey à propos du dernier ouvrage de Romain Fustier, Des fois des regrets comme, dans les "Itinéraires de délestage" du site de la revue Décharge.
En décembre 2006, Romain Fustier prenait position dans Décharge 132 pour une "Expérimentation du vécu", réflexions dont avec le recul il apparaît qu'elles décrivent moins les itinéraires futurs d'une hypothétique "jeune génération" (Je suis né en 1977, précisait-il, manière de circonscrire son propos), ni même de "la plupart des poètes qui gravitent autour de Contre-allées", - qu'elles anticipaient l'évolution propre à l'auteur.
De ce même époque, date Le Volume de nos existences, polder 130, qui marque, Fustier lui-même en convient, son entrée véritable en poésie. Sans doute, ce volume s'alimentant aux expériences du vécu, livrait-il au lecteur les fragments d'une existence en pointillés ; mais d'emblée, une attention particulière à la forme lui permettait de s'extirper de l'impasse, de ce qu'on désigne couramment comme "la poésie du quotidien", que paraît illustrer, par contraste, Danmark de Sébastien Doubinsky, qui paraît conjointement chez le même éditeur. C'est bien cette double sensibilité, qui capte l'émotion tout en ne refusant pas "une expérimentation sur le langage", qui donne son prix à une aventure poursuivie à la suite tant au Chat qui tousse, aux éditions Henry ou à celles de l'Atlantique : « Mine de rien, écrivait Louis Dubost dans Décharge 146, Romain Fustier nous rappelle que, si la tête et le cœur et la main arriment à la subjectivité du monde alentour, c'est l'outil qui concourt à la réalisation pratique, malaxe l'un à l'autre, autorise à plier le monde à la voix qui le nomme pour se l'approprier.»
Avec Des fois des regrets comme, aux États Civils qu'anime à Marseille le bon poète Daniel Labedan (voir I.D n° 228 & 229), fidélité au vécu et variation nouvelle sur la forme : d'un moule unique, inédit au premier abord, Romain Fustier coule 60 poèmes. Le lecteur reconnaît bientôt une libre adaptation du sonnet. « Un poète ne peut totalement s'affranchir d'un héritage », prévenait naguère Romain Fustier. Héritage revisité, recoiffé, surmonté, relooké. Et sous la contrainte librement acceptée, des mots s'inventent, le fil du mode narratif se brise, la syntaxe se décorsète : toujours plus loin, le poète se risque. Dont décidément on sera bien avisé de ne pas perdre de vue les cheminements inventifs.
De ce même époque, date Le Volume de nos existences, polder 130, qui marque, Fustier lui-même en convient, son entrée véritable en poésie. Sans doute, ce volume s'alimentant aux expériences du vécu, livrait-il au lecteur les fragments d'une existence en pointillés ; mais d'emblée, une attention particulière à la forme lui permettait de s'extirper de l'impasse, de ce qu'on désigne couramment comme "la poésie du quotidien", que paraît illustrer, par contraste, Danmark de Sébastien Doubinsky, qui paraît conjointement chez le même éditeur. C'est bien cette double sensibilité, qui capte l'émotion tout en ne refusant pas "une expérimentation sur le langage", qui donne son prix à une aventure poursuivie à la suite tant au Chat qui tousse, aux éditions Henry ou à celles de l'Atlantique : « Mine de rien, écrivait Louis Dubost dans Décharge 146, Romain Fustier nous rappelle que, si la tête et le cœur et la main arriment à la subjectivité du monde alentour, c'est l'outil qui concourt à la réalisation pratique, malaxe l'un à l'autre, autorise à plier le monde à la voix qui le nomme pour se l'approprier.»
Avec Des fois des regrets comme, aux États Civils qu'anime à Marseille le bon poète Daniel Labedan (voir I.D n° 228 & 229), fidélité au vécu et variation nouvelle sur la forme : d'un moule unique, inédit au premier abord, Romain Fustier coule 60 poèmes. Le lecteur reconnaît bientôt une libre adaptation du sonnet. « Un poète ne peut totalement s'affranchir d'un héritage », prévenait naguère Romain Fustier. Héritage revisité, recoiffé, surmonté, relooké. Et sous la contrainte librement acceptée, des mots s'inventent, le fil du mode narratif se brise, la syntaxe se décorsète : toujours plus loin, le poète se risque. Dont décidément on sera bien avisé de ne pas perdre de vue les cheminements inventifs.