Une chronique de Jacques Morin évoquant Habillé de son corps, de Romain Fustier, dans le dernier numéro de la revue "Décharge" qui vient de fêter son 150ème numéro.
Romain Fustier, chantre de l'amour... L'amoureux semble intarissable lorsqu'il s'agit de dire l'amour et les amants. On est dans une tradition vieille comme la poésie, du courtois au surréaliste. Le poète y apporte sa coloration personnelle, avec l'imbrication de l'amour reclus à la chambre close dans le monde extérieur continument présent. La chaleur ou la tempête sont aussi partenaires de la relation amoureuse. (l'impression d'être prise par le dehors). L'intimité nécessaire pour le plein accomplissement du plaisir s'équilibre par l'environnement cosmique. Le physique si furieusement sexuel se compense par l'envie de la douceur végétale. Romain Fustier, cette fois, choisit un regard extérieur, avec une position de témoin fortement impliqué. Le titre même, à la troisième personne, mais aussi au masculin, lui confère le premier rôle. Et il semble répondre à ce vers d'Amandine Marembert dernièrement cité : la peau, comme une robe à dégrafer. En fait, le titre m'induit au contresens, sans jeu de mot, le "son" est ambigu, et recouvre plutôt elle que lui, ce qui paraît évident aussitôt. Il y a l'amour et l'eau fraîche à tous les étages, et la fatigue au matin des étreintes passionnées, avec le maquillage des cernes de la nuit.