Erotisme en chantilly

Sur le site "lacauselittéraire.fr", Cécile Glasman & Matthieu Gosztola viennent de publier une chronique sur l'érotisme en poésie. Parmi les auteurs cités, on retrouve les noms d'Emmanuel Flory, Romain Fustier et Amandine Marembert. Extraits.
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le frôlement des corps veut quoi dire du désir / les doigts à peine défaits / sur le pas de la porte
brillance et souplesse du cuivre dans son regard qui s’attarde un peu / une douceur de baume stick céracuta noviderm sur ses lèvres au loin
Amandine Marembert, dans ces extraits de Du baume stick dans la douceur (La Yaourtière éditions), dit admirablement la naissance du désir, son tremblé, à travers une écriture de l’effleurement. Quelques mots, comme en suspens, en attente des gestes qui rapprocheront les peaux.
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La langue des amants porte en elle l’unicité de leur couple mais aussi de chacun, tant il est vrai que la relation érotique donne naissance à l’être, le fait exister de façon singulière dans le regard de l’autre.
Tu donnes à mes baisers / l’unité gémellaire / de mon cœur // Tu donnes à mes pas le sens / du soleil et de la terre // Seule / L’enceinte de nos mains / Autorise le vrai début
En quelques vers, Emmanuel Flory (Sur le ton exact du désir, Rougerie) donne à voir un homme en osmose avec lui-même et le cosmos grâce au regard amoureux.
Comme si les amants se mettaient mutuellement au monde, agrandissant leurs corps à travers la relation érotique.
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L’espace et le temps basculent, se resserrent autour de l’étreinte, devenant à elle seule un monde miniature. Ainsi intérieur et extérieur se mêlent, les corps devenant des paysages et le monde lui-même (le jardin, la ville…) se teintant d’érotisme, comme le traduit si bien Romain Fustier (Habillé de son corps, Rafaël de Surtis), dans des blocs de prose poétique palpitants de sensualité :elle a le sexe pluvieux rien qu’en le lui disant, en ce gris dimanche de novembre, où l’après-midi s’étire en buée sur les vitres, linge étendu à l’intérieur, poires un peu trop mûres qui cuisent en parfumant la cuisine, éclairage indirect des lampes qu’il leur faut allumer en plein jour, avant cela, cet aveu qu’elle lui fait de cette envie qu’elle a qu’il l’embrasse et plus puisque leurs corps ne peuvent se passer plus longtemps l’un de l’autre, ouvrant grand leur lit aux pluies de novembre, aux ciels gris comme les flaques du désir que leurs yeux vitreux traversent alors qu’ils se prennent dans le linge déplié des draps, se cuisinent jusqu’à l’extinction des feux
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