Une mélancolie heureuse

Claude Vercey évoque "Jusqu'à très loin" de Romain Fustier dans un Itinéraire de délestage, sur le site de la revue Décharge.

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Poème en prose, dit le prière d’insérer. Sans doute. Dizains de prose, pourrait-on préciser davantage : d’une prose elle-même justifiée au bord de la marge, si bien qu’on hésite à considérer ces textes comme versifiés ou non. Mais il apparaît à la lecture, qu’elle soit silencieuse ou pas, combien le retour à la ligne importe, que l’alinéa fait chanter l’écriture, la rythme et lui donne son énergie.

Ces poèmes sont composés comme par bribes, fragments de dialogue, pensées à haute voix ou ce qui lui ressemble, formules touchantes au revers d’une carte postale, mots d’enfant : ils ont tout du collage, d’un matériau saisi à chaud au fil des jours, - certaines réflexions sont accordées au féminin, volées on peut le penser, à une interlocutrice - montrent un poète toujours à l’affût, prêt à se laisser surprendre par le minuscule, à s’étonner de tout de rien, à se remémorer des jours heureux et à en tisonner les souvenirs : tu sais depuis longtemps qu’il faut apprendre à vivre avec mélancolie ces petites choses douces et tristes Il collectionne ainsi des traits du quotidien qui font que le quotidien échappe à la routine et à la banalité : soit des images de départ, de station balnéaire, de chambre d’hôtel, tout lieu ou tout moment marquant, sans qu’il soit, l’un comme l’autre, extraordinaire.

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L'article in extenso : https://www.dechargelarevue.com/I-D-no-926-Presque-trois-fois-rien-ce-n-est-pas-rien.html