Nous renaissons chaque été

Cécile Guivarch consacre une de ses "bonnes feuilles", sur le site Terre à ciel, à "Bois de peu de poids" de Romain Fustier, publié aux éditions Lanskine.
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L’été, le temps semble s’arrêter, entre le jardin et la hâte d’elle, le chemin des vacances, la culture des tomates. L’auteur a déjà écrit sur ces thèmes, mais le lecteur ne s’en lasse pas, car à chaque nouveau recueil, Romain Fustier apporte une touche nouvelle. Sa langue est sans cesse réinventée, moderne et utilise à la fois des mots du quotidien, des fragments de paroles et des structures plus classiques. Malgré le renouveau, la voix de Romain Fustier reste reconnaissable. Il sait, par exemple, parler de l’acte amoureux, sans tomber dans la banalité, en bousculant les images et la grammaire. Il donne ainsi voix à ses poèmes : ses seins dégrafésle jardin débordant sur elle. Mais il ne s’agit pas dans Bois de peu de poids, de poèmes d’amour. Il s’agit plutôt de savourer l’été, des tomates et du basilic, de profiter de la lenteur du temps, de la moiteur des draps, du linge qui sèche dehors, de la prairie en contrebas, de l’eau dans les ruisseaux, du jardin, de l’océan, de la vie de famille. Romain Fustier ne raconte pas l’histoire d’un été, il puise dans ses souvenirs, tourne la clé de contact de cette mémoire. Il la laisse aller au rythme de cette saison qui rend tout plus lumineux. Puis il y a le dénouement de l’été / son passage dans l’automne de nous, la tristesse, la mélancolie qui survient avec le départ des vacances, avec la rentrée le ciel qui souriait bleu / fini / terminé. On peut mettre les cartes de la mer sur le frigidaire pour que l’été dure encore toujours, pour que la mer continue de japperen nous, néanmoins, en quelques semaines son souvenir s’éloigne et il faut changer les habitudes de l’été et vivre dedans. Aller vers les jours sombres, le climat pluvieux puis les pieds dans la neige. L’automne et l’hiver sont ressentis comme des saisons de déprime. Les saisons vont et viennent et notre bien-être avec elles. Nous renaissons chaque été.
le ciel est gris devient le quotidien /
& vive les temps meilleurs / penses-tu /
plus chauds en ce mois de décembre
que tu échangerais bien contre l’été /