Femme-morceaux

Une note de lecture de Cécile Glasman, à propos de Nord intérieur de Jasmine Viguier, paru à nos éditions.

Dans Nord intérieur, Jasmine Viguier évoque les moments de cœur sombre et froid, sensation de vide (qu’on est au fond oui c’est ça à moitié mort), rêves brisés et immense tristesse (tous ces rêves qu’on a enfant / et après rien juste on va de dépressions en dépressions).
Une "femme-morceaux" (qui peut être chacun de nous dans nos espérances déçues, les poèmes alternant entre un je et un on) en équilibre sur le fil des jours, prête à basculer à chaque instant, tant le désespoir est lourd à porter d’une attente qui tait son nom d’un avenir qui ne vient pas.
Pour se protéger on reste en lisière du monde, on se replie à l’intérieur (il fait soleil dehors / mais on est dedans), on tente de se guérir à travers de petites choses : le bruit de la pluie, le vent dans les arbres, une lumière d’orage.
L’écriture minimaliste de Jasmine Viguier dit avec une grande justesse le poids que fait la tristesse en nous. Ouvre aussi, à la fin du recueil, sur un renouveau possible : on pourrait dire : écouter le vent dans la nuit est un beau (re)commencement.

http://terreaciel.free.fr/feuilles/lampe1.htm