Pays potager

Louis Dubost évoque "Un même pays potager" de Romain Fustier sur Radio Grand Ciel.

 

Le “jardin-prétexte” de Jean-Claude Martin et celui “quasi édénique” de Colette Andriot convergent vers Un même pays potager. C’est le titre du petit livre de Romain Fustier, un de ces précieux bijoux de typographie à l’ancienne comme sait si bien en créer Jacques Renou dans son Atelier de Groutel. Les très courts poèmes sont écrits au “présent du passé” qui est, selon Saint-Augustin, celui de la mémoire. Souvenirs donc d’un oncle jardinier qui a garni aux pieds, d’un compost affectif et nourricier, l’enfance du poète. Les poèmes sont d’une sobre concision, petites notes d’affection comme autant d’échos de la personnalité discrète du « tonton » taiseux. Cela aurait pu dégénérer dans une célébration attendue et mièvre, si les mots n’étaient pas ceux d’un poète. Mais ici, on se « rappelle / comme si », avec une émotion retenue au plus près des mots : « les morts / sont vivants / ne meurent pas » tant qu’on a les mots pour les dire. Et la poésie s’en tient aux mots. (Entre parenthèses et pour l’anecdote : le neveu-poète Romain Fustier a naguère prolongé « le pays potager » du tonton en animant durant plusieurs années le festival « Poètes au potager » à Montluçon dont tous les poètes invités — et même ceux qui ne l’ont jamais été… — se souviennent avec une nostalgie heureuse). 

Je tenterai / de continuer / à m’habiter / de tes ondes / ta tranquillité / à cultiver / ce que tu as semé.