Correspondance à distance

Valérie Canat de Chizy propose une note de lecture de "Brique pilée" sur le site "Terre à ciel". La voici :

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Romain Fustier & Amandine Marembert, brique pilée. La Porte, 2017
C’est la première fois que Romain Fustier et Amandine Marembert écrivent un texte à quatre mains. Leurs écritures respectives sont ici clairement identifiées, de par les caractères en italiques des textes d’Amandine Marembert, mais aussi parce que chacun a un style qui lui est propre. Les textes se répondent, établissent une forme de correspondance à distance. Elle, est partie au bord de la mer du Nord, dans une cité balnéaire de Flandre-Occidentale. Lui, l’imagine au loin, rapporte ses paroles, entendues au téléphone ou lues sur la messagerie. Romain Fustier, à partir des paroles rapportées, tente de se représenter le voyage de sa compagne, le train, puis la mer, les brasseries où elle s’attarde. Amandine Marembert évoque des détails visuels, comme le disque orange du soleil mangé par l’horizon de dix-huit heures / les cargos croisant au loin / leurs lueurs rouges allumées dans la nuit. Elle écrit des textes-cartes postales. Ce petit recueil est touchant, empli de tendresse et d’attention réciproques, de pépites faisant affleurer les souvenirs et les sensations à la manière d’une madeleine de Proust.
son retour de la mer vivifiant dépaysant belle époque elle narre
ce que tu tentes d’imaginer à distance de cette capitale
où elle se réveille à présent peut-être avec la lumière
plein la tête sur les ajoncs de dune qu’elle mentionnait
les couteaux échoués hier cette étoile de mer vivante les cargos
au loin les rouleaux mouettes en groupe sur l’eau mares

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