Carte postale

Jusqu'à très loin de Romain Fustier dans Libération, sous la plume de Guillaume Lecaplain.


Ils sont rares, les livres qui mettent en œuvre une forme nouvelle. Jusqu’à très loin est de ceux-là. Romain Fustier y invente ce qu’on pourrait appeler un instantané, voire une carte postale : rectangle de texte sur la page, en dix lignes justifiées, sans ponctuation ni aucune majuscule mais dont les propositions sont séparées par des tirets.

Quant au fond, il s’agit de notations adressées à une femme, le journal pointilliste d’une vie avec elle. «l’amandier en fleur tu me le montres au loin – près /de l’ancienne vigne de ton grand-père elle n’existe /plus – a été déplacée tu expliques». Au fil des 136 strophes, le recueil mêle le déroulement de l’amour aux bribes de souvenirs, et notamment ceux de voyages. Jusqu’à très loin donne ainsi l’impression d’un travelling qui glisse dans la succession des jours autant qu’au milieu des paysages traversés, dans les sensations que dans l’attachement à la femme aimée. «parmi tout ce qui m’entoure je te découvre», dit la dernière strophe.

https://www.liberation.fr/culture/livres/lundi-poesie-aujourdhui-beau-le-paysage-billet-a-composter-20210614_USWZ7RSXBZGRHOXJ4SIPU5B5LE/