Une note de lecture de Mina Merteuil sur le blog Mon salon littéraire.
|ma mère m’a donné le sèche-linge
de ma grand-mère
son écriture ronde sur la notice d’utilisation
si le temps est trop long le lige ressort chiffonné
elle qui n’avait plus la force de hausser les bras
jusqu’au fil
mes gestes se superposent aux siens
pour suspendre les draps au soleil du jardin
[Amandine Marembert]
AMANDINE MAREMBERT a choisi de célébrer, par sa poésie, des gestes du quotidien, liés au linge : le nettoyage en machine ou à la main, l’étendage dans le jardin – en guise de météo pour le voisin ou de rêverie pour les enfants –, le pliage des draps, le rangement soigneux. Ces gestes, comme les objets qui y sont liés, se transmettent de mère à fille et deviennent autant de témoignages d’affection discrets. Derrière ces gestes très concrets, entre les plis à défroisser et les lignes des vers, Amandine Marembert sait révéler les petits et les grands drames de l’existence, du départ de l’enfant devenu grand au deuil d’une grand-mère. Avec pudeur et délicatesse, elle dit les émotions derrière le travail parfois fastidieux du linge.
Valérie Linder |
Les dessins de Valérie Linder correspondent parfaitement à cet esprit et charment par les nuances de leur bleu. Les fines mains côtoient les chemises gorgées d’eau et les cintres entrelacés, et l’on voit presque le vent agiter les draps suspendus aux fils.
Une poésie du quotidien pour en révéler la délicatesse.
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