Une lecture de Claude Vercey, sur le site de la revue Décharge, à propos de ces mêmes Renouées.
|
La renouée : oui, je croyais connaître cette fleur des prés. Mais à lire, dans un poème d’Amandine Marembert, que les petites filles s’en font des robes de mariées, j’ai dû réviser mes connaissances pour arriver à découvrir qu’il en existe diverses espèces, dont certaines buissonnantes ou manière de liseron, au contraire des renouée bistorte et renouée persicaire auxquelles je pensai d’abord. Que le lecteur toutefois se rassure : dans ces Renouées, que publient les éditions du Petit Pois , sous les noms d’Amandine Marembert et Luce Guilbaud, l’aspect de cette plante compte moins en définitive que les glissements de sens que suggère sa dénomination autour de ce qui se noue :
Dans ton geste
de prendre ma main
et de la tenir
dans l’écoute
il y a ce partage du rouge
de femme à femme
la teneur de ce qui coud et découd
le tissu des cœurs et des corps
il y a dans les regards qui s’ancrent
cette même interrogation féminine
du masculin
de prendre ma main
et de la tenir
dans l’écoute
il y a ce partage du rouge
de femme à femme
la teneur de ce qui coud et découd
le tissu des cœurs et des corps
il y a dans les regards qui s’ancrent
cette même interrogation féminine
du masculin
(Amandine Marembert in Renouées)
Rencontre effective, on a tout lieu de le supposer, entre deux femmes et deux poètes. Rencontre aussi autour d’un livre ancien de l’une d’elles et qui a davantage encore cimenté la parole de la rencontre. Ce livre est Le Cœur antérieur de Luce Guilbaud, - un de ses chapitres s’intitule fort à propos Renouée -, paru au Dé bleu en 1998 et dont est ici repris une version resserrée. Sa relecture ne fait que confirmer qu’il s’agit du maître livre de cette auteure, où elle sublimait l’expérience de la maladie, avant que d’accepter de renouer avec la vie :
Celle que tu vois ce soir dans le reflet de la vitre
ressemble à celle d’hier
elle est pourtant celle que l’on fait sécher
entre deux pages
celle que l’on épingle sur le mur ailes écartées
celle qui est en souffrance
d’un seul mot désignée
par la mer la montagne la pluie et le silence
(Luce Guilbaud : Le cœur antérieur)
Difficile d’évoquer ici les nombreux fils, affectifs, poétiques, qui courent à travers l’ouvrage et se nouent, le texte d’Amandine Marembert faisant écho à celui de Luce Guilbaud, à laquelle il emprunte des vers ; échos amplifiés par les gravures de Luce Guilbaud elle-même, en une pelote de correspondances que Marie Huot en préface se mêle de démêler.
|
Accéder directement à l'article en cliquant ici.